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L'AVENT, DOUBLE AVèNEMENT DU SEIGNEUR "Le plus ancien document où, l'on trouve le temps et les exercices de l'Avent précisés d'une manière tant soit peu claire, est un passage de saint Grégoire de Tours, au deuxième livre de son Histoire des Francs, dans lequel il rapporte que saint Perpétuus, l'un de ses prédécesseurs, qui siégeait à Tours vers l'an 480, avait statué que les fidèles jeûneraient trois fois la semaine depuis la fête de saint Martin jusqu'à Noël" (Dom Guéranger). L'Orient ne connaît pas l'Avent, mais seulement "le Carême de saint Philippe" du 15 novembre au 24 décembre, un peu moins long que notre "Carême de saint Martin" du 12 novembre au 24 décembre. Le temps de l'Avent est un don de l'Eglise des Gaules qui, avec les Eglises de Milan et de l'Espagne wisigothique célébrait les six dimanches d'Avent, l'Eglise de Rome célébrant cinq, puis finalement quatre dimanches, - 1er Dimanche - LES DEUX AVèNEMENTS DU SEIGNEUR Le psaume 80 (Entrée) chante la Vigne d'Israël et de l'Eglise, visitée par son Dieu ; le verset est en fait le refrain qui rythme les articulations du psaume ; "Viens nous ressusciter, ô Dieu Sabaoth, fais briller ta face et nous serons sauvés". Les lectures (Jacques 5, 7-11 ; Mat. 24, 3-14) annoncent la Venue du Seigneur en demandant aux Chrétiens la patience et la persévérance du laboureur et du prophète qui endurent beaucoup de souffrances au milieu du "refroidissement universel de la charité". Ce dimanche parle surtout de l'avènement de gloire du Seigneur, mais avec lui nous entrons dans une Liturgie "Ordinaire" de l'Avent qui jusqu'à Noël actualisera pour nous la première Venue du Sauveur à Bethléem, dans l'attente de sa seconde Venue : « la préface et la bénédiction des fidèles nous invitent à nous réveiller, à veiller avec les pasteurs, à nous mettre en route avec les mages, à produire des fruits spirituels comme la Vierge Marie a produit dans ses entrailles le Sauveur du monde ». De plus, chaque jour, le prophète Isaïe nous fait entendre ses oracles : c'est le temps de lire ce Livre admirable d'Isaïe qui, avec Marie et Jean-Baptiste, est le grand guide de l'Eglise durant l'Avent et l'Epiphanie. "Lorsque le rite des Gaules prie pour les défunts, il part d'Adam et va jusqu'à la consommation des temps. Alors que Rome place la Vierge au sommet d'une pyramide hiérarchique, lui l'encadre des Saints de l'Ancien Testament et de ceux de la Nouvelle Alliance, au cœur de l'Histoire". "Verbe créateur, Verbe sanctificateur, Verbe glorieux qui était, qui est et qui Vient", voici l'élan qui imprime le rythme, la courbe unique de la Liturgie gallicane" (Monseigneur Jean). Durant l'Avent, une quarantaine de saints de l'Ancien Testament sont évoqués dans les Diptyques, nous faisant participer à l'ardente supplication de tout le peuple de Dieu pour hâter la Venue plénière du Messie et du Royaume. 2ème Dimanche : PRÉSENTATION DE LA VIERGE AU TEMPLE A la charnière des Deux Testaments, Marie nous conduit vers le véritable Temple, Celui qu'elle porte dans ses entrailles. "Ce jour est le prélude de la bienveillance de Dieu et l'annonce du salut des hommes. Dans le temple de Dieu, la Vierge se montre à tous et d'avance annonce le Christ. Et nous, nous lui crions de toutes nos voix : salut ! accomplissement de l'économie du Créateur !" (Grande antienne). Les lectures (Héb. 9, 1-12 et Luc 2, 46-52) parlent du Sanctuaire, l'ancien et le nouveau, chemin vers l'adoration en esprit et en vérité, exprimé dans le magnificat de marie. 3ème Dimanche - L'éTé éTERNEL Dans un grand élan d'espérance, d'attente, le psaume 25 "élève nos âmes vers Dieu" et nous fait demander "la connaissance des chemins" par où vient le Seigneur par où nous marchons à sa rencontre (Entrée, Graduel). Saint Paul (Rom. 13, 11-14) sonne le réveil : "Le salut approche ! La nuit marche à son terme ! Le Jour est tout proche ! Rejetons les œuvres de ténèbres, revêtons les armes de lumière et le Seigneur Jésus !" L'Evangile (Luc 21, 25-33) annonce les signes cosmiques et historiques du retour du Christ, soulignant la proximité de l'événement et comparant le Règne de Dieu à un été qui ne passera pas, parce qu'il est l'accomplissement du Verbe incarné sur notre terre. Nous vivons la fin d'un monde, d'une civilisation, et notre mort marquera la fin de notre petit monde habituel : saurons-nous faire mûrir en nous et autour de nous la semence de Dieu, le fruit de son Verbe, l'été éternel de son Esprit ? Les lectures et antiennes d'Isaïe chantent "le Seigneur qui vient de loin, dans la nuit des temps, avec une grande lumière, faire ruisseler le vin nouveau, le lait et le miel de la terre promise, dans. une Jérusalem nouvelle !" Ce dimanche vibre de l'attente et de la proximité de jour en jour plus proche du Seigneur qui vient ! 4ème Dimanche - LES SIGNES DE CELUI QUI VIENT Aujourd'hui, le peuple de Sion et les Nations se réunissent pour chanter et accueillir Celui qui vient (Entrée, Ps. 80 ; Graduel ; Alléluia, ps. 122). Les quatre premières antiennes de Vêpres chantent cette "venue". Pour la première fois, Jean-Baptiste (Evangile) rejoint en ce milieu de l'Avent le prophète Isaïe (Epître) et la Vierge Marie pour nous dire le message de l'Avent. "Réjouis-toi, Marie, mère de Dieu, pleine de grâce, et toi, Précurseur, sois dans l'allégresse, car le Fils, l'Epoux, est proche. Alléluia !" Alléluia ! Alléluia !" (Grande Antienne). L'Epître (Rom. 15, 4-13) est pleine d'espérance et de joie devant l'accomplissement, futur mais certain, des prophéties d'Isaïe et des Psaumes : l'hospitalité mutuelle des Juifs sauvés par le Messie qui se fait leur serviteur par fidélité aux promesses faites aux Pères et les Nations sauvées, par le Rejeton de David qui se fait leur berger par un amour miséricordieux. Dans l'Evangile (Mat. 11, 2-10), le Seigneur envoie les disciples de Jean-Baptiste annoncer à leur maître les sept signes de la Venue du Messie ; il y a d'abord les six signes de la nouvelle création qui reprennent, dans le Royaume, les six Jours, les six rythmes de notre Genèse première : - Lumière !... "les aveugles ? ... ils voient clair!." - Cieux ! ... "les boiteux ? ... ils marchent droit !" - Arbre de Vie ! ... "les lépreux ? ... ils sont purifiés !" - Astres-Signes ! ... "les sourds ? … ils entendent !" - Les Vivants ! ... "les morts ? … ils ressuscitent !" - L'Homme ! … "les pauvres ? … l'Evangile leur est annoncé !"
et ensuite, voici`un septième signe, au singulier, à l'adresse du Précurseur, pour l'aider à traverser la nuit obscure qui éprouve sa foi au fond de sa prison, à la veille de son martyre et de sa béatitude en Gloire : - La Paix du 7ème Jour bienheureux … celui qui ne viendra pas à être scandalisé (et à tomber) à cause de Moi !"l. Puis le Christ fait l'éloge de Jean : "Il est plus qu'un prophète, il est le messager précurseur du Seigneur, le préparateur de ses chemins, le plus grand des fils nés de la femme ! ... mais un plus petit est plus grand que lui dans le Royaume des Cieux". Saint Jean Chrysostome déclare : "Le plus petit ici, c'est le Christ, le Serviteur sur terre". 5ème Dimanche - LA VOIX DU CRIEUR DANS LE DéSERT, DIMANCHE DE LA JOIE L'année liturgique célèbre trois dimanches de la Joie : comme au 4ème dimanche de Carême et au 3ème dimanche pascal, en ce 5ème dimanche d'Avent la Joie vient, non pas de nos dispositions individuelles ou des événements communautaires, mais de la proximité de Celui qui vient ! Saint Paul (Phil. 4, 4-7) nous presse de nous réjouir sans cesse et pour cela de passer de l'inquiétude à la Prière de demande et à l'action de grâces ... parce que "le Seigneur est proche !" (Entrée, Epître). L'Evangile (Jean 1, 19-28) nous offre le témoignage du crieur public, Jean-Baptiste, face aux prêtres qui l'interrogent sur son identité personnelle, et sur son œuvre : "Moi ? la voix du crieur ... dans le désert…, aplanissez le chemin du Seigneur ! ... Il y a quelqu'Un au milieu de vous que vous ignorez, Il était avant vous, c'est Lui Celui qui doit venir !" (Evangile, Antiennes). 6ème Dimanche - LES QUATRE TEMPS D'HIVER Cette semaine nous fait entrer dans la grande Vigile de la Divine Naissance et des grandes théophanies, fêtes que nous scruterons, en même temps que les huit Noms Divins chantés avant Noël, dans notre dernier chapitre. Le chant d'entrée du mercredi et du dimanche est tiré d'Isaïe : "Cieux, faites ruisseler la Rosée et que la Nuée fasse pleuvoir le Juste" ... la Rosée et la Nuée de l'Esprit Saint qui emplit le Verbe et enveloppe son Incarnation. Mercredi et samedi, les psaumes 24, 19 et 60 chantent l'entrée du Roi de Gloire, le lever du Soleil de Justice, de l'Epoux qui vient et la théophanie du Berger, du Pasteur qui vient visiter et renouveler sa Vigne bien-aimée. Toutes les lectures sont tirées d'Isaïe, annonçant les merveilles de la Venue du Messie et le nouvel Exode libérateur qu'il vient accomplir avec son peuple. Les évangiles tirés de Luc rythment l'approche du Sauveur, de l'Annonciation (mercredi) et de la Visitation (vendredi) au message du Précurseur (samedi). La grande Vigile de la Nuit du samedi au dimanche, avec ses sept lectures, ses chants et ses collectes, pleins de sève biblique, dresse un portique royal et prophétique pour Celui qui est venu, qui vient et qui viendra, et associe toute la Création, tout Israël et toutes les Nations au seul événement qui fasse germer dans l'histoire la Vie inépuisablement neuve : l'Avènement du Messie, Jésus-Christ notre Seigneur. Dans la nuit du monde qui s'épaissit de siècle en siècle, une vivante Lumière venant de très loin est en marche vers nous, s'approche de jour en jour, illuminera tout sous un Jour Nouveau ... Réveillons-nous de notre sommeil, de notre contentement confortable ou de nos murmures stériles, sortons de notre petit monde intérieur psychologique ou social et veillons ! A la mi-Nuit, l'Epoux vient ... avec nos lampes emplies d'Huile, sortons à sa rencontre !
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