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La Sainte Pentecôte        

 

La Sainte Pentecôte

Mgr Jean, évêque de Saint-Denis (1953)

          En ce jour de la descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres sous forme de langues, en ce jour de la descente personnelle de l'Esprit, il est difficile de parler. Priez afin que Dieu me donne de trouver les mots qui disent ce que ressent le cœur quand il est mis en face de ce Divin Esprit, quand il saisit par ses antennes intérieures ce Dieu indéfinissable, l'Esprit qui règne sur le monde. Nous Le connaissons mais, nous ne savons pas Le nommer. 

          Pourtant Il est plus près de nous que nous-mêmes. Quand l'Esprit saisit notre ère, nous ne savons plus où Il commence et où nous finissons : Il nous saisit, Il nous transperce, Il nous envahit comme la lumière du matin. Comme dit David le Psalmiste : (cf. Ps.) «où que j'aille, je te trouve partout. Si je monte aux cieux, Tu y es ; si je descends dans l'abîme, Tu es là, derrière les mers et les océans, sur les terres, dans les airs, là-bas, je Te retrouve, ô mon Esprit Divin ! Chaque mouvement, chaque souffle est par Lui, avec Lui, en Lui, comme une flamme, comme le feu, comme une rosée, comme la lumière inaccessible, porteuse de la douceur puissante et de la paix». 

          Oui le jour de la Pentecôte, on peut seulement prier pour qu'Il descende, pour qu'Il augmente notre foi. Tout l'Évangile parle de l'Esprit Saint et c'est pour que le Paraclet descende, que le Fils est descendu de la Paternité. Tout l'univers gémit dans l'attente de cette source, dans le désir de boire à cette flamme. C'est pour cela que le Fils de Dieu est venu parmi nous. 

          Rappelez-vous ce jour où le Christ dit à Pierre : «Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je vaudrais qu'il fût déjà allumé !» (Luc 12, 49). Lui, si doux, si humble, Lui qui a supporté toutes les humiliations, le jour de la fête des Tabernacles, Il a crié vers la foule : «Venez à Moi et les sources d'eau vive couleront de vos cœurs !» (Jean 8, 38). 

          Oui, Lui, si patient, devient impatient que l'Esprit agisse. «Comme je voudrais que le feu descende sur la terre !» Les chrétiens sont patients, eux aussi, mais quel désir ardent, du matin au soir, de l'Esprit dans nos cœurs ! 

          Lorsque nous disons dans le Notre Père : «Que Ton règne arrive !», c'est l'Esprit que nous appelons en nous et quand la parabole nous dit : «Cherchez le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît», c'est l'Esprit que nous devons chercher et la parabole de l'Économe Infidèle fait aussi allusion à l'acquisition de l'Esprit Saint en nous. 

          Quand nous L'avons ressenti, quand nous L'avons saisi - parce qu'on Le saisit - alors aucune épreuve, aucun trouble ne peut plus arracher de notre cœur cette joie que le monde ne connaît pas, parce que nous sommes déjà greffés à la Divinité. 

          Tout le sens de la vie, c'est de L'acquérir et c'est pourquoi la vertu orgueilleuse est pire que le péché. Les vertus orgueilleuses sont des vierges folles, sans flamme, et le pécheur qui appelle l'Esprit est plus près de l'Esprit que ces vierges folles. 

          Que cet octave de la Pentecôte soit consacré à cet appel d'un cœur croyant : « Viens, habite en nous, Dieu Un, Dieu puissant, Dieu Désirable, Toi notre existence ! Que mon corps, que mon âme, que mon esprit soient remplis de Toi par Qui je vis ! Viens Consolateur, Toi Qui descends et Qui nous est donné par le Fils.  

          Amen.


Le feu de l'Esprit* 

Évêque Jean 

          Saisis par la Grâce, on voudrait, pendant les grandes fêtes, parler de tout ce qui nous vient à l'esprit, mais telle est notre infériorité, que nous ne pouvons d'un seul mot exprimer le tout, ni placer chaque chose où elle doit être. Nous ne possédons pas le pouvoir de la Trinité dont un seul mot, en une seule fois, parle pour chacun. 

          Malheureusement, notre pensée est analytique ; elle détache l'objet, et si nous désirons employer un esprit de synthèse, alors, nous ne pouvons plus rien expliquer. 

          Toutefois, je voudrais aujourd'hui envisager avec vous deux sujets ; le premier prépare le second. 

          L'Évangile nous dit : « Vous devez vous réjouir car Je vais vers mon Père. Il est plus grand que moi ». Est-ce à dire que le Fils est plus petit ou plus grand ? N'y a-t-il pas égalité entre le Père et le Fils ? Oui égalité. Mais là où la hiérarchie existe, là se trouve l'imperfection. Pourquoi ces paroles : « Mon Père est plus grand que moi » ? 

          En annonçant qu'Il va revenir vers son Père, le Christ veut signifier que le Père est la Source unique de la Divinité. Le Christ s'est incarné sans quitter le Père, et l'Esprit vient du Père, « non de moi », ajoute le Seigneur. « Je demanderai à mon Père que l'Esprit vienne sur vous », voilà la raison pour laquelle le Père est « plus grand que moi ». 

          La deuxième leçon : je veux parler de celui qui est inaccessible, l'Esprit-Saint, le plus proche et le plus éloigné ! Le plus proche de nous parce que tout vit par lui, même le Diable. Tout bouge avec lui, même le Diable. La nature entière, le système solaire, l'homme, tout est en lui. Il est plus près de nous que nous-mêmes, Il est notre vie ! Et Il est le plus éloigné parce qu'innommable. Le Christ dit de l'Esprit que « le monde ne le connaît pas, ne le voit pas ». 

          Le Fils nous a révélé « notre Père ». D'une certaine manière, nous connaissons le nom du Verbe, mais celui de l'Esprit-Saint nous échappe. Dieu saint ! Dieu esprit ! À la fin des temps, Il nous révélera son nom. 

          Peu d'êtres le connaissent. Mes amis, aujourd'hui, fête de la Pentecôte, ce n'est pas la force divine qui est descendue, c'est l'Esprit lui-même qui est descendu, souverainement, librement, sur nous. 

          J'essaierai de vous communiquer, peut-être un peu, ce qu'est son action en nous et dans le monde. Je tâcherai surtout de parler de sa descente « personnelle », le jour de Pentecôte ! 

          Ce qui frappe, tout d'abord, c'est sa venue illimitée. Heureusement qu'Il se cache dans son humilité étrange, heureusement qu'Il ne se manifeste pas pleinement, car sa présence, s'Il se manifestait tant soit peu, ferait éclater le monde. 

          C'est un feu, dit la prière. L'image du feu peut le mieux expliquer, bien qu'im-parfaitement, son action. 

          Aujourd'hui, Il ne se manifeste pas sous forme de lumière mais sous forme de feu, simultanément feu de l'enfer et feu de la vie de l'Église, l'un ne le reçoit pas, l'autre le reçoit ! 

          Le Christ, heureusement, se tient entre le Saint-Esprit et nous ! Il nous protège, parce que rien n'est plus redoutable que l'amour divin. 

          Certains voudraient établir deux sortes de religions, l'une respectant le Dieu-homme, un peu fade, sucrée, l'autre, le Dieu redoutable et juste. Mais l'amour apporté par le Saint-Esprit est bien plus redoutable que le courroux divin et la justice... Quand le Saint-Esprit descend en nous sous sa forme invisible, nous perdons parfois connaissance. 

          Qu'est-ce que la charité ? Elle nous brûle, elle nous anéantit. Elle amasse des charbons ardents sur nos têtes. Vous savez combien l'amour est fort, et le vrai amour, incréé, ne peut se manifester dans le monde, encore incapable de le supporter. 

          Le monde veut « combiner » ; l'amour qui brûle lui fait peur. Pourquoi ? Parce qu'il est la plus grande puissance au-dessus de l'être, parce qu'il est au-dessus de la vie, parce qu'il est la vie débordant la coupe. 

          Le jour de Pentecôte, appelons le Saint-Esprit, tant pis si nous sommes brûlés ! Demandons aussi la purification, afin que ce feu pénètre notre être et le monde entier, qu'il transforme l'univers et le renouvelle, mais ne l'anéantisse pas ! 

          Celui qui entrevoit le mystère de l'amour et de sa présence, a pris la bonne route pour comprendre l'Esprit-Saint. 

          Amen ! 

* Homélie prononcée pour la fête de la Pentecôte, le dimanche 29 mai 1955, en la cathédrale Saint-Irénée de Paris.

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Dernière modification : 07 juillet 2007