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De Pâques à la Pentecôte        

 

LA BIENHEUREUSE PENTECÔTE PASCALE

DE PÂQUES à LA PENTECÔTE 

"A partir de (la Pâque), la Pentecôte est le temps le plus joyeux pour donner le baptême. C'est le temps où la résurrection du Seigneur fut manifestée souvent aux disciples, où la grâce du Saint-Esprit fut donnée, où l'espérance de la venue du Seigneur fut entrevue, quand les anges, après son retour aux cieux, dirent aux apôtres qu'il reviendrait de la même manière qu'il était monté aux cieux, précisément lors de la Pentecôte. Quand Jérémie déclare : "Je les réunirai des extrémités de la terre au Jour de la Fête", il signifie par là le Jour de la Pâque et de la Pentecôte, qui est au sens propre le Jour de Fête". (Tertullien) 

"C'est la semaine des semaines, comme le montre le nombre septénaire obtenu par la multiplication de 7 par lui-même. C'est cependant le nombre 8 qui l'accomplit, puisque c'est le même jour qui est à la fois le premier et le huitième, ajouté à la dernière semaine selon la plénitude évangélique. Cette semaine de semaines est célébrée selon une pratique venue des apôtres : en ces jours de la Pentecôte, personne n'adore, le corps prosterné à terre, ni ne met l'obstacle d'un jeûne à cette solennité de. joie spirituelle. C'est la même chose qui a été établie pour les dimanches". (Saint Hilaire de Poitiers).

Pentecôte signifie Cinquante : les 50 jours engendrés par la Pâque du Seigneur sont le noyau de toute l'année liturgique chrétienne, de même que le Jour du Seigneur, le dimanche, est le noyau de la semaine chrétienne. Antérieure au Carême qui en est la préparation, la bienheureuse Cinquantaine Pascale, comme le dimanche lui-même, célèbre tout le Mystère chrétien de la nouvelle Alliance. Selon la tradi­tion de I'Evangile de saint Jean et la théologie de saint Paul, le contenu de la Cinquantaine Pascale englobe la résurrection du Christ et ses manifestations, son ascension et l'envoi du Saint-Esprit, l'annonce du retour du Seigneur en un seul mystère et une seule fête, que ce soit celle du 8ème Jour ou dimanche ou celle des 50 Jours ou Pentecôte soudée à la mort sur la Croix et issue du Triduum Pascal, la Pentecôte synthétise "l'Heure de la Gloire", comme Jean la nomme, l'Heure où s'accomplit la Plénitude des Temps dans l'exaltation du Fils de l'Homme, "le Premier-Né de la Création, le Premier-Né d'entre les morts, le Premier-Né d'une multitude de frères." (Saint Paul).

Ce temps est le plus dense et le plus rayonnant de toute l'année : le long exode désertique du Carême, la douloureuse nuit de la Croix engendrent une Gloire inépuisable, dans le Don du Saint-Esprit et des énergies incréées aux hommes. C'est la Pâque, le Passage de ce monde au Père, le passage historique de l'Economie du Fils, accomplie une fois pour toutes sur la Croix, à l'Economie du Saint-Esprit, qui régit et emplit l’Eglise en fécondant sa maternité. Ces deux économies sont étroitement articulées l'une sur l'autre, précisément en cette période bien nommée : "la Pentecôte Pascale". 

Jésus-Christ est la tête d'un Corps immense, la pierre fondamentale d'un Temple spirituel et le cep d’une Vigne nouvelle. Il est le Soleil d'un monde incorruptible, la Source vivifiante d'un Peuple immortel et le Premier-Né d'une Humanité déifiée, Il est l'Epoux de la Jérusalem nouvelle et bien-aimée.

Les trois lectures essentielles et anciennes, surtout en Occident, de ce temps liturgique sont : 

- l'Evangile de Jean, évangile sacerdotal et spirituel de la nouvelle Genèse ; 

- les Actes des Apôtres, histoire royale du Saint-Esprit dans la Saint Eglise ou           Communion des Saints ; 

-    l'Apocalypse de Jean, vision prophétique des témoins de l'Agneau au milieu du monde.

LE TRIDUUM PASCAL ENGENDRE LA SEMAINE DES SEPT DIMANCHES 

"Il n'y a qu'un seul Christ-Jésus notre Seigneur, venant tout le long de l'économie universelle et récapitulant Tout en Lui-même. Dans le tout est aussi compris l'homme, modelé par Dieu... Tête de l'Eglise, Il attire tout à Lui au temps opportun... Quant Marie voulait hâter le merveilleux Signe du Vin et désirait avant le temps participer à cette Coupe où tout est concentré (l’Eucharistie), le Seigneur, contenant cette hâte qui devancerait son Heure, lui dit : "Femme, qu'y a t-il (à faire) pour moi et pour toi (maintenant), mon Heure n'est pas encore venue !" Il attendait l'Heure du Père, le temps de sa Passion... la Plénitude du Temps... Toute son œuvre jadis modelée par Lui, Il l'a récapitulée en Lui-même... Il a récapitulé les 72 générations des hommes jusqu'à Adam et Adam lui-même, prototype de Celui qui allait venir... Ainsi la vie remonte dans le sens de Marie à Eve, car on ne peut délier ce qui a été lié qu'en défaisant en sens inverse l'assembla­ge des nœuds, en sorte que les premiers soient déliés grâce aux se­conds ou qu'en d'autres termes les seconds libèrent les premiers. Il arrive donc que les premiers réseaux sont déliés par les seconds et que les seconds libèrent les premiers". (Saint Irénée de Lyon). 

Les trois jours de la Pâque récapitulent et libèrent les rythmes d'une création et les âges d'une humanité, asservies au Prince de ce monde et aux ténèbres de la mort. La première création et l’antique alliance sont rythmées sur les Six Jours indiqués dans la Genèse (1ère Lecture chantée dans la Nuit Pascale), les Six se correspondent deux par deux :

Jours 1 : la Lumière,                        et 4 : les Luminaires,

Ages 1 : Paradis, Adam,                        et 4 : les Prophètes du Royaume. 

Jours 2 : le Cosmos, les Eaux,                        et 5 : les Vivants dans les mers,

Ages 2 : Arche, Déluge, Noé,                        et 5 : Israël exilé dans les Nations. 

Jours 3 : l'Arbre vivant, fructueux,                        et 6 : l'Homme spirituel, Image de Dieu,

Ages 3 : Peuple de la Pâque, Moïse,                         et 6 : le Messie, l'Eglise. 

En Trois Jours, Jésus-Christ reprend, en les remontant jusqu’à l'origine, en sens inverse, ces rythmes du monde, ces âges de l'Homme : 

- Le Vendredi Saint, par sa mort sur l'Arbre de la Croix et le fruit de sa Pâque, le nouveau Moïse, le Messie-Christ rend à l'homme la divine Ressemblance et la Royauté : Voici l'Homme ! Voici votre Roi ! dit Pilate en le présentant pour être crucifié. 

- Le Samedi Saint, par sa descente aux enfers, son exil dans l'abîme des grandes eaux et des dragons, le Sauveur, nouveau Noé, opère le jugement du monde et de son Prince et annonce la naissance d'un monde immortel, la Vigne dont ses disciples, présents dans le monde, sont les sarments. 

- Le Dimanche de Pâque, 3ème Jour, par sa résurrection en Gloire, le Fils de l'Homme est le nouvel Adam qui rayonne la Lumière nouvelle, debout dans le Jardin, le nouveau Paradis, et Il envoie les siens comme prophètes et comme lumière du monde aux quatre horizons de la terre.

Dès lors, la nouvelle Genèse peut commencer, selon le rythme originel, renouvelé dans l'Alliance du Christ et de son Eglise : c'est ce qu'expriment les messes de cette Grande Semaine Pascale, la Semaine des Sept Dimanches, des Sept nouveaux Jours de la Création ressuscitée. La liturgie wisigothique d'Espagne chante chacun de ces sept Jours nouveaux selon le rythme de la Genèse, de même que toute l'année (cha­que semaine) nos Vêpres chantent chacun des jours de la Création. 

La lecture des anciens rites romains et milanais et celle, toujours en vigueur; de nos rites gallican et wisigothique, déploient (surtout dans les évangiles, mais aussi les chants d'entrée avec leurs psaumes) les paysages et le message de cette Nouvelle Genèse née de Pâques. 

1 - DIMANCHE - lumière nouvelle de la Gloire 

La Lumière de la Résurrection, "de grand matin, au premier Jour de la semaine, quand le Soleil se lève, les femmes porteuses d'aromates vont au tombeau... et l'homme vêtu de blanc leur dit : "Vous cherchez le Crucifié ? II est ressuscité !" (Marc 16).

"Purifions nos sentiments et nous verrons le Christ resplendissant dans l'inaccessible Lumière de sa Résurrection... Nous verrons le Christ, Soleil de Justice, rayonner la Vie pour tous ... Il revêt notre mortalité de sa Splendeur incorruptible." (Laudes de Pâques). 

Les chants et les rites de ce 1er Jour donnent le ton et rythment tous les jours suivants dans une Lumière de Joie, dans une Gloire qui pénètre tout : recommencement possible d'un véritable Paradis au cœur de notre vieux monde, "c'est le Jour que le Seigneur a fait, exultons de Joie". (Ps. 118). 

2 - LUNDI - l'ouverture des yeux nous ouvre un univers nouveau 

"Baignés, chrismés, nourris" (Post-communion), "initiés aux mystères de la Pâque", nous faisons le pèlerinage aux sources d'un cosmos nouveau : pèlerins d'Emmaüs, nos oreilles et nos yeux s'ouvrent aux pa­roles bibliques et à la fraction du pain et notre cœur est brûlant de l'Esprit au dedans de nous. Les ténèbres extérieures du monde abîmé dans la tristesse mortelle font place à la Lumière intérieure et, comme le Christ, nous passons par les souffrances à la Gloire. Tel est le renversement du péché originel et universel, telle est l'ouverture des yeux, des mains, du cœur : pour des hommes ainsi renouvelés, le monde change (Luc 24), Il devient "la terre promise ruis­selante de lait et de miel où le Seigneur nous introduit" (chant d'entrée et psaume 105).

3 - MARDI - l'arbre de la Croix et le fruit des Ecritures 

"Renés dans le Christ comme race royale, prophétique et sacerdotale" (Collecte), nous sommes "nourris par le pain de l'intelligence, désaltérés par l'eau de la Sagesse" (chant d'entrée et psaume 105). Nourris par le poisson cuit au feu (symbole du Christ immolé) et le miel de la terre nouvelle, nous recevons le Ressuscité "l'ouverture " des Écritures et de l'Intelligence spirituelle à la Tora (Instruction de Dieu par Moïse), aux Prophètes et aux Psaumes et autres Ecrits de la Sagesse, qui s'accomplissent dans la Passion, la Résurrection et l'évangélisation des Nations (Luc 24). Tel est le fruit de la nouvelle terre, la terre de Vie, tel est le repas messianique qui fait de nous les témoins du 3ème Jour, Jour de l'Arbre. de la Croix et de la Résurrection. 

4 - MERCREDI : les signes prophétiques du Royaume qui vient 

"Venez les bénis de mon Père, héritez son Royaume" (chant d'entrée et psaume 96) : la pêche merveilleuse des 153 grands poissons, le filet qui ne se déchire pas et l'aurore d'un Jour sans déclin où le Seigneur nous attend sur le rivage, après la longue nuit stérile, annoncent ce Royaume nouveau dont nous sommes les prophètes ("Je vous ferai pêcheurs d'hommes"). Les 153 poissons sont toutes les traditions, cultures, langues, nations; qui formeront la plénitude de la nouvelle Jérusalem (Jean 21). Ce sont les symboles et le chiffre de la Vie éternelle, du Dernier Jour et du Monde nouveau transfiguré (153 est la somme des 17 premiers nombres, 17 (1 + 7 = 8) est un chiffre d'éternité, au-delà du septénaire temporel.

5 - JEUDI - la montée des vivants vers le Ciel 

"L'univers chante la victoire du Seigneur : chantez un chant nouveau, Il fait des merveilles ! " (chant d'entrée et psaume 98). L'apparition du Seigneur à Marie-Madeleine dans le Jardin, comme le Jardinier du nouveau Paradis, comme le nouvel Arbre de Vie, et son message d’Ascension qu'Il la charge de porter à ses frères, ses disciples, dessinent la nouvelle Montée des Vivants vers le Père et orientent notre recherche : "Qui cherches-tu ? " (Jean 20). 

6 - VENDREDI - l'homme libéré de l'enfer 

"Il les fait sortir dans l'espérance" (chant d'entrée et psaume 78), c'est l'exode libérateur, la fin de l'exil de l'homme, le salut dans "l’arche de Noé", symbole de l'Eglise et du baptême (Epître, 1 Pierre 3) et le baptême des Nations dans la Trinité (Matthieu 28).

7 - SAMEDI - le sabbat, repos du tombeau et attente 

Le nouveau peuple royal, sacerdotal et prophétique des baptisés (Epître, 1 Pierre 2) est représenté par les deux disciples, Pierre qui entre le premier au tombeau (l’action) et Jean qui croit le premier, avant même d'avoir vu le Ressuscité (l'amour, la grâce) : foi pleine d'espérance dans l'attente de notre Résur­rection glorieuse (Jean 20) : "préparer et hâter le Jour du Seigneur, les cieux nouveaux et la terre nouvelle ou Justice habitera" (2 Pierre 3, 12-13). 

LE 8ème JOUR OU DIMANCHE DES SEPT SEMAINES 

La bienheureuse Pentecôte est dans l'Ancien et le Nouveau Testament la Fête des Semaines, des Sept Semaines : c'est la fête de fa moisson et des fruits, la plénitude des alliances, la réussite de la création mul­tipliée par elle-même : 7 jours multipliés par 7. II y a donc 7 dimanches après Pâques : de Quasimodo (dimanche de Thomas et 8ème Jour) au Dimanche de la Pentecôte, le 50ème Jour. 

"Le nombre 50 est sacré : cela est manifeste d'après les jours festifs de la Pentecôte qui signifient la délivrance des peines et la possession des joies. C'est pourquoi ni le jeûne, ni le fléchissement des genoux ne sont permis en ces temps-là. Ce temps figure en effet le rassemblement festif réservé pour les temps futurs, préfiguré en Israël par l'année appelée chez les Hébreux ""Jobel" (Jubilé), la 50ème année, qui apporte avec elle la liberté des esclaves, la remise des dettes et toutes les autres délivrances. Plus encore, le nombre 50 contient 7 sabbats, un sabbat des sabbats et, au-dessus d’eux, un nou­veau commencement dans le 8ème sabbat." (Origène, Commentaire du Psaume 3).

"Celui qui peut dire en vérité : nous sommes ressuscités avec le Christ et encore : Il nous a ressuscités avec le Christ et fait asseoir avec Lui dans les cieux, celui-là est toujours dans les jours de Pentecôte et surtout, s'il monte dans la chambre haute, comme les apôtres, et là se consacre à la prière et à l'oraison pour être digne du Souffle puis qui descend du ciel et s'applique à éliminer des hommes la malice et les suites qui en découlent, et pour avoir part à la Langue de Feu qui vient de Dieu." (Origène, Contre Celse, 8, 22) 

1er DIMANCHE : le 8ème  Jour, le Seigneur Se manifeste à Thomas. 

Le 8ème Jour, le Jour Octave, c'est le temps de l'Eglise qui chemine dans les sept jours de la création temporelle et déjà vit dans la Vie éternelle par la présence réelle de "son Seigneur et son Dieu", dans la Foi. Les sept dimanches de Pâques révéleront chacun un rayon de ce 8ème Jour et nous communiqueront une énergie de l'Esprit et un charisme de l'Eglise. Aujourd'hui, c'est la béatitude de "ceux qui croient sans voir", de nous tous qui, sans voir le Christ sur la terre, Le voyons avec ces yeux de la foi qui nous font voir toutes choses sous un Jour nouveau. Mais, en même temps, à la suite de Thomas, nos sens sont renouvelés : nos mains, nos oreilles, nos yeux et nous entrons par les portes des plaies glorieuses du Ressuscité dans cette vision de l'invisible qu'est la Foi (Jean 20).

"Il Se montre à tous ton Fils, en ce Jour Octave de la Pâque où l'incrédulité engendre la Foi ferme. Ô Octave miraculeuse ! L'herbe ose toucher le Feu, le retardataire touche la plaie enflammée d'amour de l'Amant de l'homme ! Inouï est le mystère du saisissement corporel de ce qui dépasse notre intelligence" (Immolatio). "Que le doigt de notre espérance touche le corps glorieux et immortel du monde déifié ! Amen ! Que traversant les portes fermées de notre incroyance, Tu pénètres, Christ Ressuscité, jusqu'au fond de notre cœur, lui fai­sant crier avec joie : mon Seigneur et mon Dieu ! Amen !" (Bénédiction avant la communion). 

L'épître de Jean nous annonce aujourd'hui que notre nouvelle naissance par la foi est victoire sur le monde et que les trois signes-témoins en sont "l'Esprit, l'eau et le sang", signes que nous allons rencontrer Dans les dimanches suivants. 

2ème DIMANCHE : le Beau Berger donne sa vie pour ses brebis.

L'épître de Pierre et l'évangile de Jean nous présentent l'icône du Beau Berger, du Bon Pasteur, qui connaît d'amour chacun des siens par son nom et qui donne sa vie sur l'arbre de la Croix, pour les arracher à la mort et les nourrir de sa Vie : c'est le signe, le témoignage du sang. Le Berger S'est fait l'Agneau et ses disciples Le reconnaissent à la fraction du pain, au partage de son Corps brisé sur la Croix. Une telle connaissance et un tel don sont pour nous la naissance à l'Eglise, au "troupeau raisonnable du seul Pasteur, Chef de l'Eglise son Corps qui est la plénitude remplissant tout en tout" (Collecte).

3ème DIMANCHE : l'Ascension royale vers le Père, la naissance à la Joie nouvelle. 

Comme l'Avent et le Carême, le Temps Pascal célèbre lui aussi un dimanche de la Joie et pour le même motif : la proximité du Seigneur ! Son départ imminent (ascension) cache son retour non moins immi­nent sous une forme toute nouvelle. Comme les disciples, il nous faut passer de l'indispensable connaissance du Christ historique, extérieur à nous, limité dans l'espace et le temps, à la connaissance de ce même Christ glorifié, intérieur à nous par l’Esprit, toujours présent à travers l'espace et le temps. Passage de la connaissance charnelle et du compagnonnage psychologique (connaître Jésus comme les apôtres en Galilée, maintenant le connaître par l'histoire, les documents, les témoignages), à la connaissance spirituelle (connaître Jésus-Christ, comme Seigneur et Dieu, par l'Esprit Saint dans la prière, la Divine Liturgie, la charité et l'amitié avec les Membres de son Corps mystique, l'Eglise). C'est le passage de l'économie du Verbe incarné à l'économie de l'Esprit Saint, le passage du "témoignage du sang" (la chair et le sang historiques) au "témoignage de l'eau" (signe de Vie divine : l'eau et l'Esprit). Deux économies, deux témoignages, deux connaissances à ne jamais séparer, mais à ne point confondre. Ce passage, jamais achevé jusqu'à l'heure de notre naissance au ciel, est comparé par le Christ Jésus à un long accouchement. Et ce dimanche chante la douleur transfigurée en Joie, dans la naissance de l'Homme nouveau, la nouvelle Genèse du monde. Et le temps qui la fait germer est "peu de temps"... si rapide, si fugitif : en ferons-nous le simple sablier d'un temps qui fuit et s'écoule en vain ou la germination d'un vivant appelé à porter un fruit abondant, le fruit qui demeure ? Tel est le sens de notre pèlerinage terrestre (épître).

4ème DIMANCHE : l'annonce prophétique de l'Esprit de vérité. 

C'est le dimanche médian de cette bienheureuse Pentecôte Pascale, de cette Semaine des semaines. C'est le "chant nouveau" (entrée) du "Père des Lumières qui nous engendre par son Verbe de Vérité" (épître de Jacques) et "justifiera le Fils qui retourne vers Lui, grâce à l'Esprit de Vérité qui fait le procès du monde incrédule, nous enseigne toute la vérité, annonce les choses à venir et glori­fie le Christ en recevant tout ce qui est à Lui pour nous le communiquer" (évangile, immolatio). 

Les trois œuvres que le Christ a faites une fois pour toutes et pour l'univers entier, l'Esprit Saint vient nous les transmettre à chacun, d'une manière personnelle et toujours nouvelle : 

- l'Evangile : Il nous le remet en mémoire, intérieurement, tel un répétiteur maternel, Il nous le fait assimiler sous son inspiration, c'est pourquoi Il est nommé le "Paraclet", c'est‑à-dire littéralement l'Interprète, l'Avocat, le Conseiller ; 

- l'Eucharistie et les Sacrements, ces gestes du Christ, sa Pâque : Il transforme les Saints Dons, comme Il a contribué avec le Père et le Fils Lui-même à transfigurer le Corps crucifié en Corps glorieux, c'est pourquoi nous faisons "l'Epiclèse" ou Prière d'appel à l'Esprit Saint ; 

- l'Eglise : Il l'anime du dedans afin d'en faire la communion des Saints, la Sainte Eglise, et non une société ou une institution comme les autres ; c'est pourquoi elle s'appelle "Ecclesia" (même mot que Paraclet et Epiclèse, à partir d'un verbe grec qui signifie "appeler", "convoquer"). 

Sans l'Esprit Saint notre lecture de l'Evangile et notre Foi, nos Liturgies et notre prière, notre Eglise et notre charité, risquent de se scléroser et de se fermer, de tomber dans l'endoctrinement, le ritualisme ou le fanatisme clérical ou laïc. Avec Lui, tout change , parce qu'Il est Celui qui remplit (comme le souffle de l'air des poumons s'ils sont assez ouverts et dilatés) et qui transforme : à partir de l'économie pascale du Christ, le Dieu-Homme, Il nous fait cheminer dans l'entière vérité de l'économie pentecostale des Hommes Déifiés. 

5ème - DIMANCHE  -  la prière et l'espérance, à l'heure de l'Ascension. 

Cette semaine est celle des Rogations (prières litaniques pour la Création, le travail et leurs fruits) et de la solennité de l'Ascension du Seigneur. L'évangile résume l'exode, le pèlerinage du Christ, sa descente et sa remontée vers le Père, en liaison avec l'acte d'espérance qu'est toute prière de demande faite en son Nom : l'efficacité de cette demande n'est pas de changer le cœur de Dieu ou de Le renseigner sur nos besoins, mais bien de nous changer nous-mêmes en nous amenant à chercher les véritables biens : avant tout l'Esprit Saint et ses sept dons. Et toute l'armée des neuf chœurs des Anges, des hiérarchies d'Incorporels, jointe à l'assemblée des saints est mobilisée en ces jours de Rogations et davantage en ces neuf jours qui nous mènent de l'Ascension à la grande Vigile du Cinquantième Jour, 

L’Ascension achève le chemin du Fils de l'Homme et "referme l'anneau de feu, inondant de sa Présence le ciel, la terre et l'enfer : Dieu est devenu homme et l'homme est déifié" (préface aux fidèles) : indissolublement nouée, l'alliance de Dieu et de l'homme va porter ses fruits en la longue croissance du Corps du Christ, l'Eglise. Aujourd'hui ; sa Tête, pleine de Gloire, entre au Ciel et notre humanité touche ainsi la Divine Trinité. "Car là où sont les Trois, Père, Fils et Esprit Saint, là aussi se trouve l'Eglise qui est le Corps des Trois !" (Tertullien - Traité du Baptême, 6, 2). 

L'Ascension, commencée en ce temps, en ce Jour (du Premier, Pâques, au Quaran-tième) se poursuit de génération en génération, en tous les membres du Corps. Le Christ exalté en Gloire, de l'Arbre de la Croix à son Ascension au Ciel, "attire tout et tous à Lui", dans son Esprit, pour nous donner au Père, "nous transformant à son Image de gloire en gloire sous l'action du Saint-Esprit" (Collecte de la Vigile et de la Fête), 

Les lectures de l'Apocalypse trouvent ici (Vigile) leur achèvement et leur plénitude prophétique (ch. 21 et 22) : la nouvelle Jérusalem, les noces de l'Agneau, le Royaume dans l'univers nouveau. 

L'Evangile de Jean, également, par la prière sacerdotale du Christ Jésus à son Père, pour la communion de ses disciples entre eux, à travers les âges, dans l'union avec Lui et son Père (Jean, 17. Vigile et Octave de l'Ascension). 

L'évangile de la Fête est la finale de Marc : avant de monter vers le Père, le Seigneur nous donne les "cinq signes qui accompagneront, dans l'évangélisation de toute la Création, ceux qui croient : expul­ser les démons, parler des langues nouvelles, une immunité contre les serpents et contre les poisons, la guérison des malades par imposition des mains. Comme les cinq doigts de la main, ce sont là, pour l'action apostolique, des énergies du Père, ces ministères du Fils, des charismes de l'Esprit (1 Corinthiens 12, 4-7 ; voir épître du 6ème dimanche). 

Au moment de l'extinction du Cierge pascal, le chœur chante un chant admirable : "Non, la flamme de son amour ne s'éteint pas, elle s'allume dans nos cœurs par la descente du Paraclet... Aujour­d'hui, la nuée lumineuse dérobe notre nature et l'abîme de la Divi­nité la cache dans nos cœurs… J'étais la Lumière parmi vous, la Colonne de Feu, les temps sont accomplis pour que vous deveniez vous-même des colonnes, des verbes, des souffles, des vents impé­tueux pour annoncer aux Nations la Bonne Nouvelle. Qui est cet Homme qui monte, le plus beau parmi les fils de l'homme. Pourquoi sommes-nous troublés ? Pourquoi la chair aveugle-t-elle notre esprit ? C'est votre Roi, répond le Paraclet, c'est le Fils unique. 

C’est Dieu Lui-même qui revient vers son Père, pour Lui offrir l'Humanité sauvée. Adorez-le : Il est avec Moi et le Père, votre Dieu unique". 

    Durant l'Octave, en sept moments de la liturgie, (après l'Evangile, litanies, préface d'offertoire, immolatio, anamnèse, triple élévation, tricanon) les neuf hiérarchies des Incorporels sont évoquées ou invoquées de manière progressive de jour en jour : toute l'assemblée des cieux accompagne ainsi l’Ascension du Fils de l'Homme. 

L'évangile du 6ème Dimanche est la solennelle annonce de "la Venue du Paraclet, l'Esprit de Vérité qui procède du Père et témoignera du Fils". Cette annonce sera proclamée en toutes les langues possi­bles, le jour de la Pentecôte, depuis les portes de l'église, dans la rue. 

SOLENNITé DU JOUR DE LA PENTECÔTE OU PÂQUES ROUGES LE 50ème JOUR 

        Cette fête est d'une telle plénitude, en sa Vigile, en ses Heures, surtout celle de Tierce, en la Liturgie du Jour, en son Octave, qu'il est au-dessus de nos forces d'en commenter ou d'en résumer la Puissance et la Sagesse multiformes. Nous renvoyons aux textes eux-mêmes qui forment un livret de 60 pages d'une richesse merveilleuse. Et que dire des autres rites et liturgies d'Orient et d'Occident ? 

Le 50ème Jour est une fête de la Trinité Divine et de l'Eglise qui est sa vivante icône et "son corps" (selon le mot étonnant de Tertullien), une fête de la nouvelle Création et des Alliances diverses, une fête de moisson et de rémission, de don et de pardon, dans la distribution des Energies Incréées, des charismes et des dons du Saint-Esprit. C'est la fête de Jérusalem, la naissance de l’Eglise, l'anti-Babel. C'est la théophanie du feu, du souffle et des eaux vives, sur la terre. C'est l'épiphanie de la nouvelle Genèse dans les baptêmes de feu et d'eau, dans le baptême de l'Esprit. Les 12 apôtres et les 120 disciples sont envoyés, à la 3ème Heure, vers les 4 points cardinaux du monde, pour évangéliser la Création, faire de toute tribu, toute langue, tout peuple, toute nation, des disciples de Jésus-Christ, et enfin baptiser les Nations dans le Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C'est la fête du vin nouveau dans les outres neuves, et des langues nouvelles flamboyantes du feu de l'Esprit : sur chacune des personnes humaines, l'Esprit Saint descend pour l'emplir de la "sobre ivresse" du vin mystique et la transformer dans le "feu incréé et nu de la Divinité" (Préface aux fidèles). 

        Une telle profusion, une telle plénitude ont leur source dans l'Epiclèse que le Christ Jésus adressa au Père pour qu'Il envoie l'Esprit sur la communauté de ses disciples, sur sa vigne bien-aimée, son Eglise : 

"Ce que vous demanderez en mon Nom, Je le ferai pour que le Père soit glorifié dans le Fils : si vous Me demandez quelque chose en mon Nom, Je le ferai, si vous m'aimez, gardant mon commandement, Je parlerai au Père et Il vous donnera un autre Paraclet avec vous et pour toujours, l'Esprit de mérité". (Jean 14, 13-17). 

Notre épiclèse rejoint donc celle du Sauveur. En ce 50ème Jour, l'épi­clèse du Christ et de l'Eglise demande au Père un renouvellement de la Pentecôte, ou Baptême dans l'Esprit Saint : 

"Que l'Esprit Saint qui procède indiciblement de Toi, descende par ton Fils sur nos dons et sur nous, tes enfants, l'Esprit de vie et de connaissance, l'Esprit de sainteté et de perfection, l'Esprit de bonté, l'Esprit sage, miséricordieux, éclairant, fortifiant, l'Esprit divin de patience, qui donne la joie, l'allégresse, la pureté, la sagesse, la douceur, la contemplation des biens célestes et qui dévoile les mystè­res divins, l'Esprit d'amour, de paix, de foi et de sobriété. Nous Te supplions, qu'Il vienne à cet instant même, en nous et sur ces offrandes, Qu'Il prenne demeure et reste toujours et pleinement dans ton Eglise, qu’Il sanctifie, renouvelle, montre, transmette et transforme ce pain et ce vin en

+ Corps précieux de ton Fils notre Seigneur et en + Sang très pur de ton Christ notre Seigneur, par sa puissance insaisissable et infinie, afin que, par la communion à ces mystères redoutables, nous devenions ces dieux par la Grâce + Amen ! Amen ! Amen ! (Epiclèse). 

Puis ce sont les sept strophes de la grande prière au Saint-Esprit de saint Siméon le Nouveau Théologien. 

        La triple élévation des Dons chante : "Le Christ a élevé notre nature à la Droite du Père, alléluia ! L'Esprit procédant du Père descend dans l'Eglise, alléluia ! alléluia !" 

La bénédiction des fidèles qui vont communier est une nouvelle épiclèse sur l’assemblée elle-même pour le renouvellement "en cet instant même" de la Descente eu Saint-Esprit et de ses Sept Souffles : Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété, Crainte de Dieu... et, après la communion, pour recevoir les dons ce charité et de concorde, de sagesse et de prophétie, de guérison, le don des langues. 

"Que la mystérieuse Rosée de lumière de l'Esprit Saint féconde nos cœurs et y fasse germer ce que le Père y a jeté : la Semence Divine de son Verbe, notre Seigneur Jésus-Christ". 

Chacun des sept jours de cette semaine-octave, la 8ème semaine après Pâques, est consacrée à l'un des sept dons de l'Esprit Saint, ces sept souffles destinés à nous faire progresser harmonieusement dans la vie en Christ, dans la vie spirituelle, vers la plénitude du Père des Lumières. 

"Toute la Pentecôte nous rappelle la résurrection que nous attendons dans l'autre siècle. Ce Jour Un et Premier, sept fois multiplié par sept, accomplit en effet les sept semaines de la Sainte Pentecôte. Celle-ci s’achève par le jour même où elle a commencé, le Premier, se déployant cinquante fois dans l'intervalle en des journées semblables. Aussi cette ressemblance lui fait-elle imiter l'éternité, puisque, comme en un mouvement circulaire, son point de départ est le même que son point d'arrivée. En elle, c'est la station droite à la prière que les lois de l'Eglise nous ont appris à préférer. Cette remémoration en acte transporte, pour ainsi dire, notre esprit du présent dans l'avenir." (Saint Basile le Grand Traité sur le Saint-Esprit

"Sept multiplié par sept donne cinquante si on y ajoute l'unité qui, selon la tradition venant des anciens, préfigure le siècle futur : ce Jour est lui-même toujours le Huitième et le Premier, bien plus, il est toujours unique, c'est le Jour du Seigneur." (Saint Isidore de Séville) 

"Tu as enserré le mystère Pascal dans le nombre mystique de 50 jours". (Sacramentaire Gélasien, Dimanche de Pentecôte). "La Pâque se consomme en ce mystère des 50 jours, le nombre mystique est accompli. La diversité des langues qui, par l'orgueil, avait autrefois tourné à la confusion, maintenant par l'Esprit coordonne l'unité." (Immolatio du Dimanche. de Pentecôte). 

"Viens, Esprit Saint,                             Viens, Père des pauvres,

Envoie du ciel                                        Viens, Donneur de présents,

Un rayon ce ta Lumière.                    Viens, Lumière des cœurs. 

Consolateur excellent,                        Repos dans les labeurs,

Hôte très cher de l'âme,                     Abri sous les ardeurs,

Et très doux réconfort.                       Présence dans les larmes. 

Lumière très heureuse,                     Esprit, sans ton secours,

Emplis au plus secret                         Il n’est plus rien dans l'homme,

          Le cœur de tes fidèles.                       Il n'est rien d'innocent. 

          Lave le cœur sordide,                         Fléchis le coeur rigide,

         Arrose un coeur aride,                        Réchauffe le coeur glacé,

         Guéris un cœur blessé.                       Redresse un coeur dévié. 

         Et donne à tes fidèles                           Donne un fruit à nos vertus,

Qui en Toi se confient                        Donne une issue salutaire

La Grâce des Sept Dons.                    Donne l'éternelle Joie". 

(Séquence de Pentecôte, Étienne Langton de Cantorbéry, 13ème siècle, en l'honneur de l'Esprit Saint et de ses tâches maternelles envers les Chrétiens), 

"Le feu ? Je suis venu le jeter sur la terre ! Mon désir ? Qu'il brûle !" 

LES 24 "DIMANCHES VERTS" APRèS LA PENTECÔTE 

LE TEMPS APRèS LA PENTECôTE 

Long de 23 à 28 semaines selon la date de Pâques, le temps après la Pentecôte forme l'été et l'automne de l'année chrétienne. C'est le temps où l'Esprit Saint vient faire mûrir la semence de Vie immortelle offerte au monde par le Verbe Incarné, Jésus-Christ, C'est le temps de la transformation du monde : lumière du monde, sel de la terre, ferment dans la pâte, les Chrétiens cherchent à accomplir la maternité de l’Eglise du Christ dans le plénitude de l'Esprit Saint, au service du monde appelé à devenir le (Royaume de Dieu) C'est le temps de la gestation et de la maturation du Royaume, semblable à une infime semence qui fructifiera dans l'Arbre Cosmique Nouveau, l'Arbre de Vie qui fructifie 12 fois par an pour guérir les Nations (Apocalypse 22, 2), 

24 dimanches chiffre des "24 Anciens" de l'Apocalypse, les respon­sables de l'histoire humaine au long des anciennes et nouvelle Alli­ances, les 12 tribus d'Israël et les 12 apôtres de l'Agneau, fondement prophétique et sacerdotal du Royaume, Ce sont les "dimanches verts", couleur de la vie verdoyante en l'espérance du fruit, symbole des pâturages nourriciers du peuple de Dieu. Sous le souffle et le feu de l'Esprit de la Pentecôte, la vie pascale des disciples du Christ Jésus, la vie nouvelle des ressuscités va croître, afin de préparer et hâter le Retour du Seigneur et la transfiguration du monde, 

Monseigneur Jean faisait saisir les rythmes secrets qui animent ces dimanches, au long des septénaires et des octaves, Il voyait le fil qui, du 7ème au 14ème et au 21ème dimanches tissait de sept semaines en sept semaines le glorieux vêtement de l'Homme nouveau selon un art de vivre dans le monde, un art royal, De même, du 8ème au 16ème et au 24ème dimanches, d'octave en octave, il voyait la merveilleuse et bouleversante économie de la Sagesse de Lieu au service du monde. 

Entrant dans ces perspectives et reliant les 24 dimanches de Pentecôte aux 17 dimanches de la Pâque qui les précèdent et dont ils sont la floraison et la fructification, nous proposons cette suite des 41 dimanches qui vont de la Septuagésime à la Fin du Temps de Pentecôte, c'est-à-dire du Commencement à l’accomplissement du Monde Nouveau, de la Genèse à l'Apocalypse, de l'enfantement jusqu'aux noces en Jérusalem Nouvelle. Puis, à l'intérieur de ces dimanches, surtout des "dimanches verts", nous suivrons trois séries de six dimanches, selon les rythmes du septénaire, de l'octave et du sénaire. 

DE LA GENESE : "Il est un soir"                               L'APOCALYPSE : "Il est un matin"

 

1 La Vigne d'Adam,                                                           41 La fin des temps,

  Septuagésime.                                                                  24ème dimanche de Pentecôte.

 

2 Les semailles de Noé,                                                  40 Résurrection de la fille de Jaïre,

   Sexagésime.                                                                     23ème dimanche de Pentecôte.

 

3 L'offrande d'Abraham,                                               39 Dieu et César,

   Quinquagésime.                                                            22ème dimanche de Pentecôte.

 

4 La tentation au désert,                                               38 La dette remise,

   Quadragésime, Carême,                                             21ème dimanche de Pentecôte.

 

5 La Transfiguration dans la lumière,                       37 Le retour à la Vie par la foi,

   Vigile des Quatre temps de printemps.                  20ème dimanche de Pentecôte.  

     

6 Lutte contre les 7 esprits malins,                            36 Le banquet eucharistique,

   3ème dimanche de Carême.                                        19ème dimanche de Pentecôte,

 

7 L'Eglise en joie, les 5 pains,                                      35 Le pouvoir du pardon des péchés,

   4ème dimanche de Carême                                         18ème dimanche de Pentecôte,

   la Pâque approche.                                                        Vigile des Quatre temps d'automne.

 

8 Le Sacrifice du Christ,                                                 34 Les deux grands commandements,

   5ème dimanche de Carême, la Passion,.                 17ème dimanche de Pentecôte.

 

9 Entrée royale à Jérusalem,                                         33 L'humilité, la dernière place,

   6ème dimanche de Carême, les Rameaux.,             16ème dimanche de Pentecôte.

 

10 Pâques, Résurrection du Christ,                            32 Résurrection du fils de la veuve,

     7ème dimanche.                                                             15ème dimanche de Pentecôte.

 

11 Quasimodo : la foi de Thomas,                              31 Le lys des champs la foi des disciples,

     1er dimanche pascal.                                                  14ème dimanche de Pentecôte.

 

12 Le Bon Pasteur,                                                           30 Les dix lépreux guéris,

     2ème dimanche pascal.                                               13ème dimanche de Pentecôte.

 

13 La Joie du retour du Seigneur,                        29 Le Bon Samaritain, Jésus-Christ,

     3ème dimanche pascal.                                              12ème dimanche de Pentecôte.

 

14 annonce du Saint-Esprit,                                         28 Ephetha, "ouverture" du sourd‑muet,

     4ème dimanche pascal.                                                 11ème dimanche de Pentecôte.

 

15 La prière au Nom du Christ,                                    27 La prière du publicain,

     5ème  dimanche pascal,                                                10ème dimanche de Pentecôte.

 

16 Entre Ascension et Pentecôte,                                26 La Jérusalem céleste,

     6ème dimanche pascal.                                                9ème dimanche de Pentecôte.

 

17 L'Esprit Saint sur 1a Sainte Eglise,                    25 L'économe infidèle et sage,

     7ème dimanche, la Pentecôte pascale.                    8ème dimanche de Pentecôte.

 

18 La Sainte Trinité,                                                          24 L'arbre bon et les fruits,

     1er dimanche de Pentecôte.                                       7ème dimanche de Pentecôte.

 

19 Le banquet eucharistique,                                       23 Multiplication des 7 pains,

     2ème dimanche de Pentecôte,                                  6ème dimanche de Pentecôte.

 

20 La brebis perdue et retrouvée,                                22 L'offrande de réconciliation,

     3ème dimanche de Pentecôte,                                   5ème dimanche de Pentecôte. 

 

21 Les 2 barques  et les 3 disciples : Pierre, Jean et Jacques,

4ème dimanche de Pentecôte.

 

 La pêche "toute la nuit" et la collaboration fraternelle, des

 3 disciples dans le travail de l'Eglise. 

"La barque de Pierre est insuffisante pour contenir la pêche, mais la barque de Jean et Jacques lui vient en aide, alléluia !... Pierre, Jean et Jacques collaborent fraternellement, alléluia, afin que la pêche ne submerge pas l'Eglise, alléluia, alléluia (Antienne des Vêpres).

"Et les trois confessent ta Divinité en tremblant : Ô Toi, l'Un de la Trinité, gloire à Toi !" (Grande Antienne). 

Ainsi, trois lignées spirituelles, trois vocations apostoliques, trois chemins vers le Royaume, s'entrelacent pour former l'Eglise des Témoins : 

- celui de Pierre, le pasteur agissant, le chef des apôtres[1], chemin royal ;

- celui de Jean, le témoin mystique, l'ancien, chemin prophétique ;

- celui de Jacques, le premier apôtre martyr, le liturge, chemin sacrificiel. 

- A Pierre, nous rattacherons les dimanches qui de 7 en 7 manifestent la gloire de l'Homme qui monte vers Dieu, et son Royaume, par la justice ;

- A Jean, nous relierons les dimanches qui de 8 en 8 manifestent la gloire de Dieu qui descend dans l'homme par une économie de miséricorde, une folie d'amour où se dévoile la plénitude de la Sagesse ;

- A Jacques, nous attribuerons les dimanches qui de 6 en 6 forment le pont et la balance entre les deux chemins de Pierre et Jean, selon le mystère liturgique de l'Eglise qui vit la mort-résurrection de son Seigneur. 

1 - L'HOMME ROYAL, UN ART DE VIVRE DANS LE MONDE 

Les dimanches : 3, 10, 17, 24, 31 et 38, c'est-à-dire Quinquagésime, Pâques,. Pentecôte, et les 7ème, 14ème et 21ème dimanches de Pentecôte. 

Abraham (Quinquagésime) est l'homme pleinement responsable en face de Dieu, l’homme qui le premier dialogue avec Lui. C'est pourquoi il est le père d'une "communauté de peuples" (Genèse 17, 5) appelée à former le peuple royal, le fils de l'homme, l'homme libre. Par son libre sacrifice, il permet à Dieu d'offrir son propre Fils comme Fils de l'Homme sur la Croix. Son symbole est l'arbre qui lentement monte jusqu'à la plénitude du fruit, Il est l'homme debout, pèlerin et lutteur, l'homme de la Pâque et de l'Exode, l'homme de la Foi et de l'Esprit, bien avant Moïse. Nous Chrétiens, nous saluons Abraham, le père d'Israël, comme "notre patriarche" (Canon Eucharistique), notre père dans la foi. Il est l'homme de la promesse, l'homme qui répond et correspond aux promesses interrogatives du Seigneur. 

Par Jésus-Christ, fils d'Abraham et Fils de l'Homme, l'homme a pleinement répondu : Pâques et Pentecôte sont les portes du retour au Père, par l'arbre de la Croix et dans le souffle de l'Esprit, les portes du chemin de la Déification. 

Les 7ème, 14ème et 21ème dimanches de Pentecôte proposent à l'homme un art royal de vivre dans le monde. Les trois évangiles sont tirés de Matthieu, l'évangéliste du Royaume et du Sermon sur la Montagne.

7ème Dimanche : L'ARBRE BON ET LES FRUITS 

L'épître et l'évangile (Romains, 6, 15-23 ; Matthieu, 7, 15-21) dressent en nous l'arbre de connaissance et de vie en sa vertica­lité exigeante, l'arbre responsable de ces fruits, mauvais ou bons, nommés jusqu'à neuf fois. On ne saurait mieux représenter l'homme face à son Semeur et Créateur : Dieu crée l'homme pour l'homme lui-même, et non pour l'absorber en Lui, le posant dans l'immense espace, libre de la Création, homme du sixième Jour de Genèse, récapitulant toute la création des six jours, roi du monde, face au temps libre du Jour Septième, le Shabbat, le Samedi. Vertigineux destin, ascension périlleuse, pour lesquels l'homme royal, le Fils de l'Homme, invente un art de vivre audacieux et simple, dont le Sermon sur la montagne offre une sorte de loi-cadre, une constitution destinée à nous faire intégrer librement nos conditionnements et nos déterminismes naturels. L'arbre assimile toutes les richesses de la terre et il en fait des feuilles, des fleurs et des fruits en sa longue montée vers la Lumière. 

Dimanche du discernement du bien et du mal, reconnus à leurs fruits de vie ou de mort. Dimanche de l'accord de vérité entre l'apparence extérieure et la vie intérieure. L'homme, puissance de connaissance et d'action, à travers les cultures et les doctrines, les entreprises et les travaux, cherche son chemin de vraie Vie : "Attendez la saison des fruits pour juger les doctrines, demeurez fidèles à l'Arbre de la Croix ! Que nos paroles bonnes soient suivies des actes, car les paroles sont des fleurs et les actes des fruits ! Tu es venu, ô Christ, accomplir le vouloir du Père jusqu'à la mort de la Croix, apportant le fruit suave de l'immortalité et ressuscitant notre naturel. Gloire à Toi, notre Chemin, notre Vérité, notre Vie !" (Antiennes des Vêpres). Et, les chants de cette messe chantent déjà, dans les psaumes royaux, la joie éclatante de la nouvelle Création dont l'homme est le Roi responsable, 

Que l'homme cultive son arbre de connaissance et de vie, ou que, dans son ignorance, il n'y touche pas, ou que, dans sa violence, il en dévore et détruise prématurément les fruits, cela ne dépend pas de Dieu, mais de l'homme, 

Soyons vigilants et attentifs, discernons les fruits, agissons en espérant la Vie. L'espérance est la force puissante de l'arbre qui fait son fruit. La puissance "créatrice est abandonnée par Dieu entre les mains de l'homme : mais attention aux faux prophètes, loups déguisés en brebis, car par la violence idéologique ils enferment l'homme dans l'esclavage spirituel, la pire de toutes les servitudes. 

14ème  Dimanche : LE LYS DES CHAMPS, LES DEUX MAÎTRES ET LA FOI 

Psaume 84, celui des pèlerins en marche vers le Paradis, à travers les déserts et les sources, triple béatitude de ces pèlerins. Evangile de la recherche du Royaume et de sa Justice (Matthieu 6, 24-34) ; épître des 15 œuvres de l'esprit charnel et du fruit de l'Esprit en ses 9 manifestations (Galates 5, 16-24) : hiérarchie de l'homme royal, corps, âme, esprit. 

"Job le puissant se servait d'argent mais ne servait pas l'argent ! Le service de Mammon nous sépare de Dieu et nous rend esclaves d'un métal inanimé" (Antiennes de Vêpres), "Ne vous inquiétez pas pour votre âme de sa nourriture, ni pour votre corps de son vêtement : l'âme n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ?" 

C'est à l'âme vivante de nourrir le corps, et c'est au corps de nourrir le cosmos matériel, car l'esprit lui-même vient nourrir l'âme et non l’inverse. A chacun de choisir son maître : ou bien l'idolâtrie (Mammon) et l'esclavage vorace et parasite d'une civilisation fondée sur l'inquiétude et la multiplication injuste des besoins les plus faux, ou bien le service (Dieu) et la liberté confiante d'un Royaume fondé sur la foi et la Justice par un continuel réajustement envers tous et tout, une justesse. "Hommes de petite foi (et non de peu de foi ! car il en faut peu : une graine suffit, mais une graine pleine, capable de transformer la vie en toutes ses dimensions), pourquoi vous inquiéter de toutes ces choses ? Comme le font les païens ! En priorité, cherchez le Royaume (du Père) et sa Justice et tout le reste vous sera donné en plus ! Ne vous inquiétez pas du lendemain, demain s'inquiètera de lui-même : à chaque jour suffit son effort !" Six fois le mot "inquiétude" est dénoncé : cette maladie empêche l'homme d'accéder au "repos" du 7ème Jour, dans la plénitude du fruit de l'Esprit. 

L'esprit charnel "produit débauche, idolâtrie, haine, jalousie, violences, scissions, etc. Le fruit de l'Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi et contre de telles choses il n'y a pas de Loi !" 

21ème Dimanche : LE COMBAT POUR LA RéMISSION DES DETTES 

        Psaume 119, les pèlerins de la Sagesse marchent et luttent selon les instructions et avec les armes du Verbe et de l'Esprit. 

L'évangile (Matthieu 18, 23-35), très réaliste, décrit notre situa­tion de débiteurs insolvables (envers tous et tout) et ouvre l'issue libératrice par la remise des dettes : comme vous remettrez, il vous sera remis ! et bien plus !" "Remets-nous nos dettes, Père, comme nous remettons à nos débiteurs". 

        C'est une forme non violente du combat qu'il faut livrer pour grandir et porter un fruit incorruptible. Seule l'expérience nous manifestera les étonnants résultats de cet art de vivre : donner et recevoir, dans la remise réciproque des dettes et des "devoirs", dans la guérison des séquences résultant de tant d'erreurs et d'injustices. 

Six armes sont offertes à l'homme du sixième Jour pour mener victorieusement la création dans la Paix du 7ème Jour : 

1 - la ceinture de la Vérité,                         4 - le bouclier de la Foi,

2 - la cuirasse de la Justice,                        5 - le casque du Salut,

3 - les sandales de rapidité                         6 - le glaive de l'Esprit

      pour évangéliser la Paix,                             qui est la Parole de Dieu. 

C'est le combat non charnel, non violent, le combat spirituel (Ephésiens 6, 10-17). 

L'HOMME PROPHéTIGUE, UNE SAGESSE DIVINE AU SERVICE DU MONDE 

Lies dimanches 1, 9, 17, 25, 33 et 41, c'est-à-dire Septuagésime, Rameaux, Pentecôte et les 8ème, 16ème et 24ème dimanches de Pentecôte. 

Adam (Septuagésime) est cette créature terrienne en laquelle Dieu S'est, pour ainsi dire, semé et caché, lui confiant le secret de la Divine Ressemblance. C'est un dieu terrestre, un fils de Dieu, un dieu-fils, dont la croissance (la Vigne du genre humain est Modelée en Adam, dit saint Irénée) se fait au long des 12 heures du salut, selon une,gratuité infinie, une folle libéralité. Par la "kénose" du Fils éternel de Dieu, par son incarnation et sa descente dans la mort, par son "dépouillement", la Sagesse Divine a ouvert les portes royales (Rameaux) et prophétiques (Pentecôte) d'une miséricorde et d'une humilité qui traversant le temps font descendre le Huitième Jour, la Vie Eternelle, dans les abîmes et sur les hauteurs de l'homme historique, afin que la création réussisse et abou­tisse à sa fin, la fin des temps et le commencement du monde nouveau. 

Les 8ème, 16ème et 24ème dimanches de Pentecôte versent dans l'homme cette Sagesse humble et terrible qui seule peut mener tout et tous vers la Fin, vers la Plénitude, selon l'étonnante Economie Divine. Les deux premiers évangiles sont tirés de Luc, l'évangéliste-médecin de la Miséricorde, et le dernier de Matthieu : la fin des temps pour le Royaume. 

8ème Dimanche : L'éCONOME INFIDèLE ET SAGE 

        Cet évangile (Luc 16, 1-9), déroutant à première lecture, décevant dans les commentaires qui en compliquent la simplicité, nous décrit l'Économie Divine proposée aux hommes et mise en œuvre par le Fils de Dieu Lui-même : il ne s'agit pas, dans cette parabole, de louer la malhonnêteté, mais bien la sagesse avisée de l'homme dans les affaires d'argent, afin de manifester l'immense vision de la Sagesse de Dieu dans l'entreprise du Salut et du Royaume. La justice et la fidélité de Dieu ne sont pas calquées et mesurées sur les balances de la justice humaine ou de l'étroite fidélité à des lois et des calculs de moralité sociale. 

Cette messe du 8ème dimanche nous ouvre aux horizons inépuisables du 8ème Jour, celui de la fidélité éternelle plus grande que nos fidélités et nos infidélités : la cité de Dieu (chantée dans le psaume 48, cité de miséricorde et de louange), l'héritage du Christ et l'économie de l'Esprit ("étant agis par l'Esprit, nous sommes fils de Dieu", Romains 8, 12-17) manifestent la "loi de la maison" (sens littéral du mot "économie") : la "loi des fils et non celle des esclaves". "Dans l'esprit filial, nous crions : Abba ! Père ! (littéralement : Papa !) et l'Esprit Lui-même témoigne avec notre propre esprit que nous sommes fils de Dieu, cohéritiers de Christ, souffrant et glorifiés avec Lui", "Nous sommes tes débiteurs cent pour cent, et Tu réclames cinquante pour cent, ô Ami de l'homme ! Ô étrange économie de notre salut ! Ô profondeur inépuisable de la charité divine ! Tu loues l'habileté (sagesse) qui crée l'amitié et place la miséricorde au-dessus de la justice, réclamant peu, payant entièrement, ô Racheteur du monde, Gloire à Toi" (Antiennes des Vêpres). 

Imitons le grand Econome "infidèle", en la sagesse avisée de son inoubliable amitié : Il est "infidèle" aux normes et aux lois habituelles, parce qu’Il vise plus loin, plus profond et plus haut, jusqu'aux Tentes éternelles qui s'ouvriront pour tous par cette clé : la remise des dettes ! La remise des dettes, plus large encore que la rémission des péchés, est cet art, à la fois humain (l’art royal dont parle le 21ème dimanche) et divin (la sagesse prophétique dont il est parlé aujourd'hui), qui fait reculer toutes les limites et traverser l'ultime limite, celle de la mort, et accéder ainsi à la liberté de la nouvelle création, celle du 8ème Jour, le Dimanche, Jour de la nouvelle Lumière, la Gloire Incréée descendue jusqu'en nos ténèbres. Le psaume 48 (également chanté le 2 février) chante cette cité nouvelle "vision de beauté, liesse de la terre entière, montagne de Sion". 

"Travailler la terre et mendier", c'est-à-dire s'exercer dans la vie intérieure et dans la prière suppliante, cela n'est pas possible toujours et pour tous. Mais "remettre les dettes à nos débiteurs" est toujours possible, c'est le grand secret du cœur de Dieu, plus profondément fidèle que notre propre cœur. 

16ème Dimanche : L' HUMILITé, DE LA DERNIèRE à LA PREMIèRE PLACE AUX NOCES 

En Luc (14, 1, 11), est tracé le chemin de la "condescendance" du Fils de Dieu, de sa descente humble sur le chemin de la Croix : "Descendu jusque dans l'abîme, le Christ remonte au-dessus des chérubins, glorifiant notre race humiliée par le péché, alléluia ! Quiconque s'élève sera humilié (abaissé), quiconque s'humilie (s'abaisse) sera élevé ! Rougissant de honte, le diable cède la place au Christ et se réfugie en un coin obscur devant le Ressus­cité ! Dans ta compassion, ô Christ, le jour béni du Grand Sabbat, Tu as sorti Adam du puits profond de la mort. T'humiliant devant le prince de la mort et acceptant la mort, Tu as détrôné l'orgueilleux par ta glorieuse Résurrection, ô humble de cœur, nous exaltons ta condescendance, Tu nous relèves de la boue et nous glorifie au-dessus des Anges. Par les prières de la Mère de Dieu, sauve-nous, Ami des pauvres, alléluia !" (Antiennes des Vêpres), 

L'épître (Ephésiens, 3, 13-21) chante merveilleusement l'économie de l'Amour Divin et dévoile l'exaltation de la Croix, en altitude, profondeur, longueur et largeur : tel est l'espace infiniment libre et vaste de l'Humilité, seul espace digne des Noces de l'Agneau et de l’Epouse. A chacun de choisir et de remplir sa place, sans déborder orgueilleusement, sans reculer peureusement. 

24ème Dimanche : LA FIN DES TEMPS 

Cette fin, cette visée, en finissant le temps, accomplit l'Economie Divine, par le Signe du Fils de l'Homme, la Croix, et commence notre royauté sur des Mondes nouveaux. C'est la seconde Venue du Seigneur, pour laquelle Jean et ses disciples "demeurent" et "témoignent" au-delà de la mort et de toutes frontières. Jean, l'Ancien, le Sage, l'Ami. De ce dimanche, nous parlerons dans "l’Automne de l'Année" qui suivra ce chapitre. 

LE PEUPLE SACERDOTAL, UNE LITURGIE DE TéMOINS 

        Les deux chemins que nous venons de considérer sont complémentaires l'un de l'autre : celui de Pierre et celui de Jean, le chemin de l'action audacieuse de l'Homme royal et le chemin prophétique et nouveau de la descente de Dieu au service de l'homme. Le second chemin est nécessaire au premier et lui est ordonné afin qu'il aboutisse : Dieu devient Homme afin que l'Homme devienne dieu. C'est, par le Christ, dans l'Esprit Saint, l'accomplissement du Royaume prophétique, 

Pris séparément, chacun de ces chemins comporte ses dangers. Pris de manière exclusive, chacun mène à la perdition. Le chemin de Pierre et celui de Jean exigent d'être vérifiés l'un par l'autre dans un troisième chemin, celui de Jacques, selon la loi des "deux ou trois témoins". L:Eglise est fondée sur les Apôtres et les Prophètes et sur Jésus-Christ qui est la Pierre Maîtresse" (Ephésiens 2, 20) : les apôtres, dont Pierre, le berger est le chef, premier parmi ses égaux et dont Paul, le 13ème apôtre, représente l’ouverture universelle aux diverses Nations ; les prophètes, dont Jean le Témoin est l'ancien et l'inspirateur ; Jésus-Christ dont Jacques, le premier martyr parmi les Douze, et Jacques, le premier évêque de l'Eglise-mère de Jérusalem, sont les litur­ges, "diacres" (serviteurs) de l'Eglise. 

Cette triade apostolique, chantée dans notre dimanche central, le 21ème (4ème de Pentecôte, les deux barques et les trois disciples), est l'icône du triple amour dont la Sainte Trinité vivifie l'Eglise Sainte : Pierre représente l'amour de l'homme qui s'élance jusqu'à l'infini vers Dieu, Jean l'amour de Dieu qui descend dans l'homme, Jacques l'amour d'amitié dont les hommes s'aiment les uns les au­tres à partir de ce double amour humain et divin, 

Le chemin de Jacques, chemin liturgique et pascal, vient équilibrer les deux autres. Sans lui, le chemin de Pierre oublie le passage .par la Croix et la mort à soi-même nécessaire pour renaître ressuscité dans l’Esprit et il s'égare dans l'action et la gloire présomptueuses et dominatrices, Sans lui, le chemin johannique risque en sa sublime spiritualité d’oublier l'incarnation dans la vie et l'action quotidienne et d'endormir l'homme loin de ses responsabilités dans le drame du monde. Jean en a prévenu ses disciples, en les avertissant de ne pas séparer "le Christ venu par l'eau, le sang et l'Esprit", de ne pas séparer l'union de Dieu et de l’Homme. 

Comme liturge et martyr, Jacques s'efface devant le seul Grand Sacrificateur selon l'Ordre de Melchisédech, Jésus-Christ : "A la Cène, Pierre et Jean sont les doux diacres de Jésus-Christ : l'équilibre de l'Eglise, c'est le chemin de l'apôtre Jacques, lien entre les deux chemins de Pierre et de Jean" (Monseigneur Germain de Saint-Denis). Sans cet équilibre, issu de Jérusalem et de l'Esprit de la Pentecôte, issu du Concile des Douze Apôtres, les successeurs de Pierre. risquent de devenir de grands inquisiteurs, puissants et moraux, légalistes et moralistes et les succes­seurs de Jean risquent d'être de grands spirituels intelligents et purs, des gnostiques désincarnés. Le corps actif et la tête pensante doivent s'incliner l'un vers l'autre dans la Source du Cœur spirituel. Pouvoir et Savoir sont au service du Don, sinon c'est la chute sur des chemins qui ne sont plus les chemins de Dieu Vivant et Vrai. 

Le chemin de Jacques permet la rencontre de ces deux chemins et leur vérification mutuelle par le mystère liturgique et dans la communion ecclésiale. C’est le chemin pascal de la mort-résurrection de l’Ami des hommes et des véritables disciples : ceux-ci, avant d'être catholiques, protestants ou orthodoxes, sont d'abord Chrétiens. "Le véritable œcuménisme c'est l'Esprit du Christ" (Monseigneur Germain ). 

Les dimanches 5, 11, 17, 23, 29, 35, c'est à dire Quatre-Temps de printemps, Quasimodo, Pentecôte, 6ème, 12ème et 18ème dimanches de Pentecôte, rythment selon le nombre six, le chemin de la sanctification du temps, le sacre de l'homme du sixième Jour, accompli dans le Septième grâce à l'irruption du Huitième Jour Eternel. 

Le premier et le dernier de ces six dimanches sont les grandes et antiques Vigiles des Quatre-Temps de Printemps Pascal et de l’Automne Eschatologique, dans le passage nocturne du samedi au Dimanche, du septième jour au Huitième Jour, celui de la nouvelle semaine qui s'ouvre sur la Lumière Pascale. Le 2ème dimanche de Carême, vigile printanière, ouvre cette initiation au chemin liturgique par la Transfiguration du Fils de l'Homme sous les yeux transfigurés de Pierre, Jean et Jacques, en présence de Moïse et d'Elie, la Loi et les Prophètes. 

Le dimanche de Quasimodo, dimanche baptismal, chante la foi de Thomas et l’inséparabilité des trois signes liturgiques, des trois témoignages de l’eau baptismale, du Sang eucharistique et de la Chrismation dans l'Esprit. Signes qui s'accomplissent dans la Pentecôte pour le Baptême des Nations. 

6ème DIMANCHE : LES SEPT PAINS MULTIPLIéS 

L’épître (Romains 6, 3-11) rappelle le mystère pascal de l’ensevelissement dans la mort et de la résurrection dans la vie du Christ Jésus, mystère qui â son commencement en nous par le Sacrement du Baptême et sort épanouissement dans cette mort au péché et cette nouveauté de vie dont saint Paul témoigne sans cesse. 

L'évangile (Marc, 8, 1-9) annonce les trois gestes de l'offrande, de l'action de grâce et du repas de communion, esquissés dans la multiplication des sept pains (divisés entre quatre mille hommes ; reste : sept paniers pleins !) et accomplis dans le Sacrement-Sacrifice de l'Eucharistie, l'Action Gratuite vécue par le Seigneur sur la Croix et célébrée à la Cène. La Divine Liturgie de la Parole et de l'Eucharistie est à la fois l'expression royale de l'homme (les sept offrandes, l'offrande de notre chemin, de tout notre être) et la source prophétique de la communauté humaine en marche vers le Royaume, dont l'Eglise est le chantier (la communion eucharistique du Christ dans l'Epiclèse à l'Esprit donne aux communiants la Nour­riture d'immortalité, le Germe de résurrection, d'où viendra la transfiguration du monde). La Liturgie est la jonction des deux chemins de Pierre et de Jean, mais elle n'est elle-même qu'un chemin et les Chrétiens qui célèbrent l'Eucharistie autour de l’évêque et de ses prêtres et diacres, les Chrétiens forment ce  peuple royal, sacerdotal et prophétique dont le témoignage auprès des autres hommes (la mission de l'Eglise) ne peut équilibrer les deux chemins de l'action humaine (Pierre) et de la grâce divine (Jean) qu'en s'ouvrant pleinement à tous ceux qui passent par ces chemins et à tout ce qui s'y passe. La liturgie n'est pas une fin en soi et s'y enfermer aboutirait à la sclérose du formalisme rituel. Sans l'action inventive et transformatrice de toute notre vie humaine et sans l'écoute priante et contemplative du Verbe et, de l'Esprit qui descendent du Père, sans l'audacieuse liberté, de l'action et sans la libre prière personnelle et communautaire (priè­re du cœur etc.), l'homme liturgique ressemblerait à un homme fermé sur ses richesses qui finiraient par se dévaluer faute d'être renouvelées, de servir et d'être partagées. 

"Donne-nous aujourd'hui, Seigneur, le Pain substantiel, le chemin est rude et nous manquons de forces. L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu. Prenant 7 pains, Il rendit grâces, alléluia, et les ayant rompus, les donna à ses disciples pour les distribuer, alléluia ! Tu es notre surabondance, ô notre Force, ô notre Pain de Vie. En renonçant à la richesse périssable, l'homme est comblé par la richesse de ta Parole, Gloire à Toi, Ressuscité des morts, alléluia !" (Antiennes des Vêpres). 

12ème Dimanche : LE BON SAMARlTAIN

"Dieu aime l'homme comme Lui-même ! Sa plaie nous guérit, son Sang nous purifie, l'Esprit divin nous oint ce l'huile d'allégresse. La loi et la religion ont passé outre en voyant l'homme gisant dans la douleur, mais la Grâce le soigne jusqu'à la guérison, alléluia ! L'Eglise est l'hôtellerie, les deniers sont l'Evangile et le Sacrement, nous attendons avec confiance le retour du Christ" (Antienne des Vêpres) : on ne saurait mieux souligner que ce dimanche est celui de la maternité de l'Eglise et de l'Esprit Saint et que les gestes et paroles liturgiques bâtissent le monde de la Grâce et non celui de la loi et de la religion. L'art et la sagesse liturgique sont plus exigeants que nous ne le pensons : ce sont, au cœur du monde, les gestes mêmes de la Divine Trinité qui réclame nos mains et notre bouche, notre tête, notre cœur spirituel et tout notre corps vivant (évangile, Luc 10, 25-37) pour s'approcher de nous et faire de nous le prochain, la vivante approche, de tant d'hommes et de femmes qui ont faim et soif de ces gestes de l'Ami des hommes : "Tu loues le schismatique pour sa bonté, ô Verbe Pré-Eternel, et condamne les bien-pensants pour la dureté de leur cœur. Donne-nous la charité du Samaritain et la fidélité des autres afin que nous soyons dignes de ta Résurrection, ô Ami de l'homme" (Grande Antienne), 

Que les signes de ce dimanche, le vin et l'huile, soient notre offrande aimante à ceux qui nous approchent, à ceux que nous approchons, le vin de l'amitié, l'huile de la vigilance spirituelle et de la présence attentive, le vin du Christ, l'huile de l'Esprit. 

18ème Dimanche : QUATRE-TEMPS D'AUTOMNE, LE POUVOIR DU PARDON 

        Comme pour le dernier dimanche de Pentecôte, nous parlerons davantage de cet automne liturgique dans notre prochain chapitre. 

Ici soulignons seulement que le Pouvoir du Pardon, le Sacrement de la Pénitence, est le véritable pouvoir divin confié à l'Eglise, diamétralement opposé à tout pouvoir dominateur : guérir, délier, relever, sont les, gestes par lesquels la liturgie maternelle de l'Eglise fait passer le monde de la pourriture à l'offrande, du fruit incorruptible en la Lumière vespérale et automnale de la nouvelle Venue du Seigneur. 

L'AUTOMNE LITURGIQUE - LA VENUE DU SEIGNEUR 

"L'Adventus - l'Avent - est l'œuvre de l'Eglise des Gaules. Rome n'a fait que l'accepter et l'Orient ne le connaît point. L'Adventus ouvre l'année liturgique par l’attente de la première et de la seconde Venues du Christ et la clôture de l'année liturgique tend la main, en quelque sorte à l'Adventus, par son Evangile du Jugement dernier qui achève le mouvement au terme des cycles du Verbe incarné" (Monseigneur Jean de Saint-Denis). 

Les sept derniers dimanches de Pentecôte et les six dimanches de l'Avent préparent et déjà célèbrent l'Avènement du Seigneur en vue des noces de l'Agneau avec son épouse, l'Eglise. L'année chrétienne se boucle sur elle-même, l’Avènement et ses manifestations. théopha­niques étant à la fois l'icône glorieuse, le fruit plénier de l'œuvre du Salut et la semence, chaque année nouvellement semée, de Celui qui est toujours en train de venir. "L’Esprit et l'Epouse disent : Viens, Seigneur Jésus !" (Apoc. 22, 17) ; antienne des psaumes laudiques de l'Avent) et déjà "nous nous souvenons de ce qui vient" (Saint Grégoire de Nysse). Au soir de l'année, l'automne est la saison où toutes choses se changent en lumière, pour l'offrande du fruit, tels les arbres dans le sang et l'or de leur feu vespéral, en la gloire de leur calme lumière. C'est la saison des vendanges et des dernières récoltes, c'est le retour à la Maison, c’est l'étonnante nouveauté des Der­niers Temps, les temps messianiques et eschatologiques, ouverts par Jésus-Christ en sa première venue humble et souffrante et accomplis en plénitude lors de son retour en Gloire. 

LES SEPT DERNIERS DIMANCHES DE PENTECÔTE : LE RETOUR DU CHRIST 

18ème Dimanche : LE POUVOIR DU PARDON POUR LA RéSURRECTION 

Traditionnellement lié au Quatre-Temps d'automne, donc à l'action de grâces pour les fruits et à la pénitence, c'est-à-dire au retour vers le Seigneur (voir la revue "Présence Orthodoxe" n° 30, page 49), ce dimanche est rythmé par le psaume des pèle­rins qui arrivent enfin à Jérusalem, cité de la Paix à venir (Psaume 122, Entrée, Graduel). Saint Paul rend grâces pour tous les dons reçus jusqu'alors, "dans l'attente de la manifes­tation de notre Seigneur Jésus-Christ... au Jour de son Avènement" (I Cor. 1, 4-8). 

L'Evangile (Math. 9, 1-14) annonce ensemble le véritable "pouvoir donné par Dieu aux hommes" et le "relèvement de l'homme paralysé qui retourne à la Maison" : ce n'est pas la puissance violente et dominatrice qui accomplira le Royaume, mais sa défaite par le Pouvoir du Pardon dont nous sommes, dans l'Eglise, les serviteurs et les ouvriers responsables. Que faisons-nous de ce pouvoir et du sacrement du pardon ? Le refusons-nous aux plus malades et misérable, aux hors la loi, comme le font les scribes, ou bien y recourons-nous pour nous-mêmes afin de pouvoir le partager ? "T'incarnant de la Vierge, Tu as apporté sur la terre le grand pouvoir de pardonner les péchés et, guérissant le paralytique, Tu nous donnes l’assurance de la résurrec­tion de notre race selon la chair" (Grande antienne des Vêpres), 

19ème Dimanche : L'HOSPITALITé DIVINE DANS LE FESTIN ESCHATOLOGIQUE 

L’Evangile de ce jour (Math. 22, 1-14) reprend celui du 2ème dimanche (Luc 14, 16-24), mais nous sommes cette fois au soir du monde à la fête des noces et l'épreuve finale est sévère : les excuses des invités ont fait place aux violences qu'ils font subir aux serviteurs du Roi (persécutions des derniers temps), mais surtout la messe d’aujourd’hui est centrée sur "le vêtement des Noces" : n'importe qui est invité, mais pas n'importe comment ! Saint Paul nous presse de recevoir "le vêtement de l'Homme Nouveau, créé dans la justice et la sainteté qui vient de la Vérité" (Eph. 4, 23-28) : l'homme de la nouvelle création est alors invité à la charité mutuelle et à la véracité, à la paix et au travail ; c'est ainsi que se tisse le vêtement nuptial, notre corps de Gloire. 

"Le Royaume des Cieux est semblable au festin des noces. Le Père l'a préparé pour son Fils, Epoux de l'Eglise. Allons au festin divin, aux noces du Créateur qui épouse la créature, l'Agneau est immolé pour nous" (1ère et 2ème antiennes des Vêpres). Tel est le fruit "du renouvellement dans l'Esprit", mûri durant le temps après la Pentecôte. Le Graduel chante l'offrande du fruit, au soir de l'année et de l'histoire (Psaume vespéral de l'encensement, 141). 

20ème Dimanche : LA FOI EN LA PLéNITUDE DE L'ESPRIT à LA 7ème HEURE  

Avec la prière de Daniel (Entrée), le signe du retour d’exil et de "l'assomption" du peuple juif (Rom. 11-15) se joint aujourd'hui à l'espérance des Nations (Graduel) : c'est tout l'homme, l'humanité, "le fils malade du Père" qui est de nouveau Vivant... à la 7ème Heure, signe du 7ème Jour qui vient (Jean 4, 46-53). Par la puissance de la foi au Seigneur de la Vie cela se produit à Cana, le lieu des noces et de l'ivresse dans l'Esprit : cette ivresse charismatique et eucharistique est chantée par saint Paul qui oppose aux jours mauvais de la fin du monde la nouvelle et continuelle Pentecôte de la communauté chrétienne (Eph. 5, 15-21). La Pentecôte éclatera au dernier Jour, plus vivante et plus puissante que les fièvres de la mort.  La Sagesse de l'Esprit-Saint enfante maternellement le monde nouveau, annoncé, préparé par la multiplication de ces cellules d'Eglise que sont "les maisons des croyants" (finale de l'Evangile). 

21ème Dimanche : LE COMBAT ESCHATOLOGIQUE ET LA REMISE DES DETTES 

La remise des dettes et la rémission des péchés sont les fruits de la Pentecôte juive et chrétienne : cette libération est le résultat du combat contre les puissances de ténèbres, les esprits malins (voir notre commentaire de ce dimanche), combat qui atteint son paroxysme dans les "derniers temps", à l'heure du nouvel et ultime "exode" (verset d’Alléluia). "Tout homme sans doute a son frère pour débiteur ; quel est l'homme aussi qui ne soit le débiteur de Dieu puisque tous ont péché ? L'homme est donc à la fois débiteur de Dieu et créancier de son frère. C'est pourquoi le Dieu juste t'a posé cette règle d'agir avec ton débiteur comme Il le fait avec le sien" (Saint Augustin, Sermon 83, 2) 

22ème DIMANCHE : DIEU ET CéSAR, AU JOUR DE LA REDDITION DES COMPTES       

Dés l'entrée, le psaume 130 (De profundis, psaume des guetteurs de l'aurore en attente du Jour du Seigneur) demande à Dieu de "ne pas tenir un compte rigoureux de nos iniquités, Lui qui aime à pardonner". Saint Paul (Phil. 1, 6-11) "prie pour que notre charité abonde de plus en plus en fruits de justice" (c'est-à-dire d'une sainteté qui nous "ajuste" au vouloir du Père et aux besoins des frères) "pour la louange de la Gloire de Dieu, quand viendra le Jour du Christ". 

L'Evangile (Math. 22, 15-21) nous tend un miroir pour rendre chaque chose et chacun à la vérité de son image : "De qui est l'image et l'inscription de cette monnaie ? - De César ! - Rendez donc à César ce qui est à César et rendez à Dieu ce qui est à Dieu !" Ceci ne signifie pas que notre vie chrétienne doive ignorer notre vie sociale (coupant notre existence en deux parts sans relations entre elles), solution facile, confortable et fort répandue, mais plutôt que les choses de César sont très relatives et passagères et que tout doit "se rendre" à Dieu le seul maître absolu, en sorte que l'esclavage même fasse place à la libération. "Le Roi des rois paye volontairement l'impôt à César afin que l'esclave devienne un citoyen libre du Paradis. Pierre trouve un statère dans la bouche du poisson et paye l' impôt, le Christ arrache l'homme à la gueule de l'enfer et l’offre au. Père" (2ème et 3ème antiennes). Le "rendez-vous" au Jour du Seigneur ne sera-t-il pas de"nous rendre" nous-mêmes au Père, en Lui "rendant grâces", lui offrant le fruit de tout ce qu'Il nous a gracieusement donné par son Fils dans son Esprit ? 

23ème Dimanche : GUéRISION DES NATIONS ET RéSURRECTION D' ISRAËL 

Le chant d'entrée (Jérémie 29, 11-14) et Ps. 85) annonce la fin de notre longue captivité, le retour des Juifs en leur terre promise d'Israël et la nouvelle création : "le Salut approche et la Gloire vient habiter sur terre, Grâce et Vérité se rencon­trent, Justice et Paix s'embrassent... et notre terre donnera son fruit !" (Ps. 85). Saint Paul (Phil. 3, 17-21) annonce la nouvelle création et "la transfiguration de notre corps humilié dans le corps de gloire du Sauveur et Seigneur Jésus-Christ". 

L'Evangile (Math. 9, 18-26 ; voir Marc 5, 21-43 et Luc 8, 40-53) montre le Christ en marche vers la fille de Jaïre, chef de syna­gogue, âgée de 12 ans et endormie dans la mort (figure d'Israël). Il est rejoint sur le chemin par une femme souffrant d'hémorra­gie depuis 12 ans, aucunes médecine ni sagesse n'ayant pu la guérir (figure des Nations), Il sauve d'abord la seconde grâce à sa foi et finalement réveille la première à la Vie, après avoir chassé la foule qui pleure et grâce à la seule présence des deux parents (figure des Patriarches, des Pères) et de Pierre, Jac­ques et Jean (les trois Apôtres) : Lui, le Fils de l'Homme, l'Homme du 6ème Jour, vient opérer le Salut et le Réveil universels au 7ème Age du monde, celui du retour des Nations unies à Israël dans la maison de Dieu. Nous retrouvons les trois apôtres, présents au début de ce temps pentecostal de l'Eglise (4ème dimanche) : ils sont les trois témoins de l'Amour (Transfiguration), de la Vie (Résurrection de la fille de Jaïre) et de la mort (Agonie de Gethsémani). Comme dans l'Apocalypse, les deux chiffres de 12 et 12 manifestent la plénitude de l'Eglise unie à Israël lors de la fin des temps. Déjà saint Jérôme (Hom. Mat. 9) interprétait ainsi le symbole de la femme malade et de la fille de Jaïre, nom qui signifie "l'éveillé". 

24ème Dimanche : LA FIN DES TEMPS 

Ce dimanche fut ajouté tardivement, ses chants sont tous empruntés au 23ème dimanche. Saint Paul (Col. 1, 9-14) parle de nouveau des fruits et de "l'héritage des saints dans la lumière". L'Evangile (Math. 24, 15-35) est la suite de celui du dimanche suivant, 1er de l'Avent (Math. 24, 3-14) : la fin des temps. On ne peut mieux souligner que la fin et le début de l'année liturgique célèbrent le même événement : l'imminence de l'Avènement du Seigneur. Le Signe de la Croix, la Croix de Gloire dont l'Exaltation ouvre cette saison d’automne, est cet Arbre de Vie qui offre à toutes les Nations ses fruits de Gloire. Oui, le Seigneur vient, Il se tient à la porte ! 

Ces derniers dimanches de Pentecôte étaient appelés autrefois "Semaine de l'Ange", en raison de leur proximité alentour du 29 septembre, fête du grand Archange Michel, le chef des Anges dans leur combat contre les esprits malins, l'Ange, du Jugement dernier et des ultimes combats (Apoc. 12 ; Daniel 10, 13-21 et 12, 1-13). L'Apocalypse, le livre eschatologique, liturgique et angélique, lue entièrement aux Vêpres des 2ème, 3ème et 4ème semaines pascales, n’est lue à la Messe qu'aux fêtes de l'Ascension (vigiles) et de l'Assomption et aux fêtes d'automne : Exaltation de la Croix, saint Maurice, saint Michel, saint Matthieu, Toussaint et Dédicace de l'Eglise. Ignorée des liturgies orientales, l'Apocalypse imprègne tout l'Ordinaire de la Messe selon saint Germain de Paris.

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Dernière modification : 07 juillet 2007